Il suffit de goûter un Sancerre provenant de “caillotes” et un autre de marnes kimméridgiennes, un Quincy ou un Pouilly-Fumé “silex” pour s’en assurer. Cela fait donc du bien de sentir la puissance des terroirs et permet de renvoyer au jardin d’enfants les nouveaux vins qui poussent partout et les producteurs qui croient encore qu’il suffit de planter un cépage pour obtenir un grand vin… Le cépage Sauvignon sait en effet se marier parfaitement avec ces sols de silex, d’argiles ou de marnes, et produit une typicité propre.
En Anjou, peu d’autres vins peuvent “copier” les meilleurs crus de la région, marqués par ces sols de tuffeau ou de roche calcaire en parfaite osmose avec les cépages Cabernet franc et Chenin, le premier s’épanouissant sûrement le mieux ici, dans cette région où il fait bon s’octroyer quelques étapes gourmandes et historiques. De Champigny à Beaulieu-sur-Layon, du Puy-Notre-Dame à Parnay, la région est riche en terroirs et en saveurs, avec des blancs secs très agréables, des rouges puissants et colorés, au nez de violette comme ceux de Saumur-Champigny.
Superbes liquoreux (Coteaux-du-Layon, Bonnezeaux…), qui atteignent les sommets depuis quelques années, et inquiétent à juste titre d’autres vins liquoreux (Sauternes, notamment) qui ont tendance à s’endormir sur leurs lauriers.
En Touraine, la typicité s’associe à un rapport qualité-prix régulièrement remarquable. Le plaisir des arômes, le fruité des rouges, la fraîcheur des blancs secs, la suavité des moelleux… tout concourt au plaisir du vin. En rouge, trois appellations sortent du lot, Chinon, bien sûr, où la race rejoint une vraie typicité, puis Bourgueil et Saint-Nicolas-de-Bourgueil, où l’on se rend aussi bien compte de l’expression de ces terroirs de tuffeau et de graviers. La race du Cabernet franc s’exprime parfaitement sur ces terroirs variés d’argile ou de silex, où le tuffeau croise les Perruches ou les Aubuis. Les moelleux sont superbes, en Montlouis comme à Vouvray.
Quant au Muscadet, sa typicité est notamment liée à la mise en bouteilles sur lie, qui consiste à laisser les vins reposer sur leur lie durant 4 ou 5 mois après leur fermentation jusqu’à leur embouteillage. Elle permet de protéger le vin de l’oxydation et lui confère une fraîcheur et un perlant caractéristique, grâce à une présence importante de gaz carbonique (un Muscadet sur lie en contient deux fois plus qu’un Muscadet). La spécificité existe bien car le sous-sol est composé de roches de l’ère primaire, et se particularise par un système complexe de failles et un métamorphisme poussé. On y trouve en majorité des roches mères éruptives (35 % de gneiss, micaschistes, éclogites, amphibolites et prasinites). Cette diversité induit des différences notables de précocité et de rendement. Les vins récoltés sur schistes, micaschistes, gneiss du bassin versant de la Loire et du marais de Goulaine sont généralement précoces et tendres. Les vins récoltés sur le secteur est du vignoble et issus de terrains de gabbros et de roches vertes, sont plus tardifs.