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sud-ouest
À Buzet comme à Gaillac, en Côtes-de-Bergerac ou en Monbazillac, en Madiran comme en
Jurançon, en Cahors, les vins sont forts différents, du plus typé au plus décevant. Les meilleurs sont
ceux qui se gardent des mascarades œnologiques et font ressortir ainsi toute l'expression de leur terroir, élevés par des vignerons passionnés par leurs cépages spécifiques.
On peut pour autant regretter l'arrivée de cuvées surchargées par le bois et “fabriquées” pour avoir une bonne note auprès de “critiques”, ceci facilitant une hausse de prix totalement incautionnable. Gare donc aux vins de mode dans cette région où les cépages et les sols ont une véritable influence, une véritable présence historique. Ne vaut-il pas mieux montrer sa propre personnalité quand on en a comme c'est le cas à Cahors ou à Madiran? À quoi bon avoir de beaux cépages de caractère comme le Tannat, le Cot, La Négrette ou le Gros Manseng si c'est pour “lisser” les vins et les dépersonnaliser au point que l'on ne sait plus ce que l'on goûte ? La complexité des terroirs et des climats est pourtant bien réelle dans la région, et prouve que l'on ne fait pas la même qualité, selon les aléas de la nature, au fin fond du Béarn ou dans le Lot. C'est ce qui compte, et qui crée la typicité.
L'histoire des vins du Sud-Ouest
À la fin de l'Empire romain, au ive siècle de notre ère, les vignes s'étaient répandues à peu près dans toutes les régions, mais les grandes invasions n'arrangèrent pas les choses et l'agriculture vinicole en souffrit particulièrement.
Les vins de Gaillac, en pleine ascension, sont au XIIe siècle vendus plus cher. Ils ne craignent donc pas l'imposition de taxes élevées. De Bayonne ou de Dax transitent vers l'Angleterre les vins de la région : Bergerac, Cahors, Gaillac, Pamiers, mais Bayonne ne peut suivre l'extension prise par La Rochelle et, de ce fait, ne participe pas aux larges profits que celle-ci connaît. En 1215, Jean Sans Terre autorisa les habitants de Bayonne à “s'organiser en communes”, et en 1351 Édouard III les gratifia d'avantages liés au transport et à la vente de leurs vins en Angleterre. Cela eut pour effet un accroissement du commerce vers la Grande-Bretagne.
Les Chartreux ont laissé à Cahors le souvenir de leur passage. Fondé en 1328, leur monastère cultivait des vignes dont le vin était particulièrement prisé. De grands hommes l'ont savouré, dont Alexandre Dumas et Ingres.
Quant au Jurançon, produit dans la province de Navarre, sa célébrité fut assurée en 1553, lors de la naissance d'Henri, futur Henri IV. On raconte que son père, Antoine de Bourbon, grand amateur de Jurançon, le baptisa avec ce vin pour lui assurer force et vigueur. Henri IV sembla avoir conservé un bon souvenir de ce baptême puisqu'il continua à se faire livrer au Louvre le premier vin qu'il ait goûté. Peut-être le bon roi Henri doit-il à ce baptême particulier courage, vaillance et bonne humeur qui l'ont accompagné tout le long de sa vie. Le Jurançon a été, aussi, le vin des souverains d'Aragon et de Béarn. Les marins anglais venaient le chercher à Bayonne, les Hollandais le faisaient voyager jusqu'aux pays scandinaves. D'autre part, pour sceller le traité d'union de Kalmar, les délégués de la Suède, de la Norvège et du Danemark sortirent des caves du palais quelques vieilles bouteilles de Jurançon.
Le Sud-Ouest à table
- Bergerac et Monbazillac. En Bergerac et Côtes-de-Bergerac, les rouges, parfumés et souples, sont adaptés à des viandes grillées, une côte de veau, un cassoulet ou une daube. Le blanc sec s'associe avec des écrevisses, des sardines grillées. Les moelleux, très fruités, aux connotations de miel, se goûtent à l'apéritif, en dessert sur une île flottante ou un flan, sur un bleu et le foie gras.
- Cahors. Un vin riche en couleur comme en charpente qu'il faut apprécier avec des tripes, du gibier (chevreuil), un caneton aux figues, une oie rôtie aux marrons et aux pommes.
- Gaillac. Le rouge s'adapte à la plupart des viandes et des plats légèrement épicés. Le blanc est vif et rond à la fois, à déboucher sur les poissons de rivière.
- Jurançon. En blanc sec, un vin au nez de fruits secs, racé, tout en bouche, avec les poissons de rivière, et, en moelleux, un vin bouqueté, onctueux et typé, qui s'accorde avec les mêmes mets que ceux des autres liquoreux.
Madiran. Complexe et concentré, très parfumé, aux tanins fermes et puissants, très typé, un vin qu'il faut savoir attendre, à boire avec une viande en sauce, le gibier à poil ou un cassoulet.
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