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jurassique
Bleues, grises, noires et rouges, les marnes dans le Jura forment l'essentiel du sol et a fortiori le sous-sol de son vignoble, le tout à une altitude de 200 à 450 m. Il n'y a guère qu'au nord entre Salins et Arbois qu'elles sont en position d'infériorité, ensevelies par des éboulis calcaires tombés au premier plateau. Ces éboulis constituent le support de prédilection du cépage rouge Trousseau. La prédominance marneuse se situe en déclivité assez forte, obligeant fréquemment les vignerons à remonter la terre du fait de l'érosion. Elle date du secondaire, soit 150 millions d'années. Cette formation appelée aussi jurassique se caractérise par des plissements et failles ainsi que plusieurs étages correspondant aux différentes couleurs de terre. Celle-ci, mélange d'argile et de calcaire, est lourde, compacte, très difficile à travailler.
Le Jura viticole jouit d'au moins 2 000 ans d'existence. Importateur au départ de ses propres vins, l'occupant romain y décela vite des prédispositions vitivinicoles. Le vignoble s'étend sur 1 750 ha, à une altitude comprise entre 200 et 450 m. Les vins possèdent une palette unique : les blancs et les rouges méritent une dégustation, les rosés sont souvent superbes et s'associent à ces rares et complexes vins jaunes aux arômes de noix qui atteignent leur apogée au bout de 20 à 25 ans, et aux vins de paille, des vins de liqueur faits de raisins surmaturés conservés sur un lit de paille.
L'histoire des vins du Jura
Le Jura viticole jouit d'au moins 2 000 ans d'existence. Importateur au départ de ses propres vins, l'occupant romain y décela vite des prédispositions vitivinicoles. Tombée dans l'escarcelle romaine en 58 avant J.-C., la Séquanie (ancien nom de la Franche-Comté) vit cette vocation affirmée sous l'impulsion des empereurs Auguste et Probus (232-282 après J.-C.). Le Jura cessa d'importer des vins italiens vers 25 avant J.-C. et exporta les siens. Les nombreux gisements salifères, comme à Salins-les-Bains et à Lons-le-Saunier, aidèrent également au développement du vignoble jurassien, notamment grâce aux voies de sel qui permettaient le transport du vin en direction de la Suisse et bien au-delà en Allemagne, en Belgique et en Hollande. Les Romains neutralisés à leur tour, le haut Moyen Âge (du Ve au XIe siècle) sera une période de troubles continuels, à commencer par l'invasion des Alamans, peuple germanique. Les Burgondes, venus s'installer, perpétueront la viticulture mais celle-ci devra son véritable essor à l'Église chrétienne à partir du Ve siècle. Les saints Romain et Lupicin sont fréquemment cités par les historiens comme les premiers défricheurs des forêts profondes jurassiennes (région de Saint-Claude). Tandis que la Franche-Comté était annexée à la Bourgogne à la fin du IXe siècle, les abbayes de Beaumes-les-Messieurs et surtout de Château-Chalon voyaient le jour. L'intérêt des comtes de Bourgogne pour la Vigne du Revermont, notamment en leur baronnie d'Arlay, sera néanmoins sans commune mesure avec le développement imprimé par deux monastères de l'ordre des chartreux : Vaucluse et Bonlieu fondés à la fin du xie siècle. L'influence de l'Église sur le vignoble persistera jusqu'à la Révolution. Caprices climatiques (gelées, sécheresses), guerres, épidémies, contrefaçons… jusqu'au XIXe siècle le Jura sera sans cesse chahuté. Les vins du Jura disposaient cependant d'une cote d'amour sans pareille auprès des grands de la cour (Philippe le Bel, Henri IV, François Ier, Napoléon) et artistes (Rabelais, Jean-Jacques Rousseau).
Hormis dans ses dernières années, le xixe siècle est synonyme de “boum” économique pour la viticulture jurassienne. La qualité s'est grandement uniformisée et les débouchés se sont multipliés. Tandis que le vignoble a atteint une surface record de 20 000 ha, les ennuis déferlent alors en cascade. Concurrence, notamment des vins du Midi, maladies (phylloxéra), guerres… font l'objet de coups de boutoir répétés pendant des décennies. Un gâchis quand on sait le tempérament entreprenant de cette région : lutte pour la qualité, pionnière dans la réglementation, la création de syndicats et de mouvements coopératifs. Sans oublier un gisement d'hommes dont les noms sont inscrits au fronton de la viticulture française : l'inventeur de la Bouillie Bordelaise Alexis Millardet, l'ampélographe Charles Rouget et le savant Louis Pasteur. La surface viticole chute cependant à 750 ha. Mais fort heureusement la profession réagit avec opiniâtreté à l'issue “d'États généraux” en 1970.
Le vignoble jurassien
Le terroir :
- Le trias : le plus vieux composant, affleure çà et là, caractérisé par son aspect rougeâtre et est le site des gisements salifères et de la “pierre à plâtre”. On le trouve dans le massif de la Serre vers Dole, sur les axes Mouchard-Grozon et Le Vernois-Maynal. Le Pinot Noir, le Poulsard et le Chardonnay l'apprécient.
- Le jurassique : il constitue la famille supérieure du trias. Il se scinde en deux sous-ensembles, le lias (partie inférieure) et l'oolithique (partie supérieure). Le premier, le plus répandu, qu'on appelle aussi jura noir, recèle des marnes bleues et noires. Parfaitement identifiable à son aspect “feuilleté”, il est le préféré du cépage Savagnin qui génère le vin jaune. Les environs de Lons dont Château-Chalon et L'Étoile en sont riches. Le second, beaucoup plus confidentiel, d'aspect grisâtre, s'aperçoit dans le Sud-Revermont.
Le climat du Jura
Le climat est continental. Les hivers sont relativement froids et secs et les arrière-saisons plutôt chaudes. Dans cet intervalle, le printemps s'avère souvent pluvieux à l'instar de la fin de l'automne. La température moyenne est en constante augmentation depuis les années 70 (de 10 à 12 °C contre 11 à 13 °C désormais). Le gel descend couramment au-dessous de –15 °C. Il est généralement supplanté par un tapis de neige, jouant un rôle protecteur pour la Vigne. Quant aux précipitations pluvieuses, il tombe entre 1 000 et 1 400 mm d'eau par an. L'ensoleillement oscille entre 1 750 et 1 900 heures par an. Sa concentration maximale est atteinte entre juillet et septembre. On observe un rafraîchissement des nuits au fur et à mesure que l'automne approche. Comme la pluie, ce phénomène peut déclencher des foyers d'oïdium et de mildiou. Ces conditions font que, selon la précocité des cépages, les vendanges peuvent s'étaler du 15 septembre à la Toussaint.
Les vins du Jura
Arbois : blanc, rosé, rouge, jaune, paille, mousseux.
Château-Chalon : jaune.
Côtes-du-Jura : blanc, rosé, rouge, jaune, paille, mousseux.
L'Étoile : blanc, jaune, paille et mousseux.
- vins blancs
Issus principalement du Chardonnay rehaussé de Savagnin et de Pinot Blanc, les vins blancs que nous avons dégustés étaient plaisants, fruités et très aromatiques au bout de quelques années de vieillissement. Les meilleurs proviennent d'Arbois et de L'Étoile. Voir aussi jaune (Vin jaune) et paille (Vin de paille).
- vins rouges
Si les Côtes-du-Jura (cépages Poulsard, Trousseau et Pinot Noir) nous ont paru friands et parfumés, c'est surtout vers les Arbois rouges, issus des mêmes cépages, plus tendres et délicats, mais nerveux et charpentés, que vont nos préférences.
- vins rosés
S'il existe de grands vins rosés sur la planète, ceux du Jura, gris, rosés ou corail selon qu'ils sont vinifiés lentement ou rapidement, à partir ou non d'assemblages de raisins rouges et blancs, ne sont pas loin d'en acquérir le trône ; ils possèdent un caractère fougueux et sont délicieusement bouquetés. À déboucher frais ou légèrement chambrés (14-15 °C) sur une cuisine assez riche. Les meilleurs viennent d'Arbois et d'Arlay.
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